Le film populaire est depuis toujours masala (épicé), multigenres, complexe. Un film n’est pas mélodramatique, d’action ou fantastique; il est fantastique, romantique, musical, comique et mélodramatique à la fois. Le film populaire propose un spectacle total, qui réunit tous les genres possibles. Bien évidemment certains films accentuent l’action, d’autres l’impact politique ou encore le romantisme. Mais cette inclination pour un genre n’oublie pas tous les autres ingrédients sans lequel le film populaire serait incomplet. Un film d’action n’existe pas sans la présence d’une romance, un film sentimental peut se pimenter de fantastique, et un film comique peut tourner au drame et ainsi de suite à l’infini des combinaisons possibles. Il y a des films au sein du film, d’où la sensation pour le spectateur non averti d’un fourre-tout cinématographique. Il est quasiment impossible d’appliquer au film populaire un système d’étiquetage qui réglerait le genre d’un film ; le propre du cinéma populaire est bien d’être un mortier qui mélange toutes les épices nécessaires.
Il faut alors aussi sortir le cinéma populaire indien de cette image de « romance kitsch et guimauve » ; de plus en plus de films se détachent de ce filtre pastel qui lui colle depuis les années 90, tout comme la séquence musicale disparaît parfois. Modification de thèmes, de sens et de formes, le cinéma populaire ne cesse d’évoluer. Le renouveau technique appelle ainsi les films d’animation en 3D, ou bien les prouesses des super-héros.
Il est aussi difficile de continuer à maintenir l’hégémonie des films du nord de l’Inde, en hindi, les rares fois où des films sortent en salle, notamment car la diaspora parisienne est essentiellement tamoule. Cette population du sud n’est donc pas le premier public à aller voir des films indiens de Bollywood, qui ne correspondent pas à leur langue, et dont les sous-titres français demeurent bien souvent illisibles. Peut-être serait-il important, tout comme Londres et Berlinrépondent à leurs diasporas, d’inscrire à Paris, près du quartier indien pourquoi pas, un espace d’échange avec cette filmographie du sud du pays.
Films historiques, résonances contemporaines
Bollywood décomplexé et réflexif